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Cercosporiose : symptômes, risques et traitements

Cercosporiose : symptômes, risques et traitements

La betterave sucrière est une culture stratégique pour de nombreuses exploitations agricoles françaises, contribuant à la rotation des cultures et à la stabilité économique des filières locales. Cependant, cette culture est régulièrement confrontée à diverses maladies du feuillage, dont la plus redoutée reste la cercosporiose. Cette maladie des betteraves, provoquée par le champignon Cercospora beticola, est la principale menace foliaire en conditions tempérées. Elle impacte directement le rendement racinaire ainsi que la richesse en sucre. L’identification précoce et la mise en place d’une stratégie de lutte intégrée sont donc essentielles pour maîtriser son développement.

Cercosporiose : description et symptômes

Avant d’agir efficacement contre la cercosporiose, encore faut-il savoir l’identifier avec précision. Cette maladie du feuillage se distingue par des symptômes bien particuliers, mais souvent confondus avec d’autres pathologies foliaires comme la ramulariose ou la rouille. Une observation fine des feuilles est donc essentielle pour poser le bon diagnostic et mettre en œuvre une stratégie adaptée.

Symptômes caractéristiques

La cercosporiose se manifeste d’abord par de petites taches circulaires, grises à brunes, bordées d’un halo rougeâtre sur les feuilles de betteraves rouges ou blanches. Ces lésions s’agrandissent et provoquent le dessèchement prématuré du feuillage. Le renouvellement foliaire consomme alors des réserves, au détriment du remplissage des racines.

Ces symptômes peuvent être observés dès la fermeture des rangs, notamment dans les zones humides et chaudes.

Différenciation avec d’autres maladies

D’autres maladies des betteraves peuvent être confondues avec la cercosporiose :

  • Rhizoctone : il s’agit d’un champignon du sol provoquant des nécroses au collet et un flétrissement généralisé.
  • Ramulariose : Taches foliaires grises, souvent confondues avec la cercosporiose mais moins agressives.
  • Rouille : Apparaît plus tardivement. Se manifeste par des pustules orangées visibles au revers des feuilles.
  • Oïdium : Apparition d’un feutrage blanc à la surface des feuilles, souvent en fin de cycle.

L’observation attentive de la forme, de la couleur et de la localisation des lésions est donc primordiale.

Sources de développement de cette maladie des betteraves

Les spores de Cercospora beticola hivernent dans les résidus de culture et se conservent dans les sols. Les zones à historique infectieux élevé sont donc particulièrement à risque.

La cercosporiose se développe sous climat chaud et humide. Des températures comprises entre 20 et 30°C, couplées à une hygrométrie élevée (>90 %), favorisent fortement sa propagation.

Les premières attaques surviennent généralement à la fermeture des rangs (fin juin à début juillet), période où le microclimat sous le couvert devient propice au développement fongique.

Facteurs aggravants et sensibilité variétale

Le développement de la cercosporiose est fortement influencé par les conditions agronomiques et le choix génétique. Certains facteurs peuvent significativement aggraver l’intensité et la rapidité de la contamination :

  • Densité de semis excessive : un couvert végétal trop fermé limite la circulation de l’air et accroît l’humidité au sein de l’interrang, créant un microclimat idéal pour le champignon.
  • Irrigation mal maîtrisée : des apports d’eau trop fréquents ou mal positionnés (en période de forte chaleur) maintiennent une hygrométrie élevée sur le feuillage, facilitant la germination des spores.
  • Excès d’azote : une fertilisation azotée déséquilibrée favorise un développement foliaire exubérant, souvent plus sensible aux attaques fongiques, avec un allongement du cycle végétatif et un retard de sénescence qui prolonge la période de sensibilité.

À cela s’ajoute un facteur déterminant : la sensibilité variétale. Toutes les variétés de betteraves n’ont pas le même niveau de résistance à la cercosporiose. Les variétés les plus performantes en termes de rendement ne sont pas toujours les plus tolérantes aux maladies foliaires. Il est donc essentiel d’opter pour une génétique équilibrée, adaptée au contexte sanitaire local et à l’historique parcellaire.

Méthodes de surveillance et de diagnostic

Face à une maladie aussi évolutive que la cercosporiose, la réactivité est primordiale. Mettre en place une surveillance rigoureuse permet non seulement d’optimiser les interventions, mais aussi de limiter les pertes en ciblant les traitements au bon moment. Plusieurs outils, du simple suivi visuel aux systèmes d’aide à la décision, permettent aujourd’hui de sécuriser le diagnostic.

Observations visuelles

Un suivi régulier du feuillage permet de détecter les premiers symptômes et de décider du moment d’intervenir.

Outils disponibles

Des outils de diagnostic assisté par image, des modèles prédictifs et des applications mobiles facilitent le suivi sanitaire des parcelles.

Seuil d’intervention recommandé

En général, le seuil d’intervention est atteint lorsque 5 % des feuilles présentent des symptômes sur 50 % des plantes observées. Il convient d’adapter ce seuil selon la variété et les conditions climatiques.

Moyens de lutte disponibles contre la cercosporiose

Une fois la cercosporiose identifiée, la réussite de la lutte repose sur une approche combinée, associant prévention, choix variétal et interventions ciblées.

Lutte agronomique

La prévention passe d’abord par des pratiques culturales adaptées, qui visent à réduire l’inoculum présent dans les parcelles et à limiter les conditions favorables à la propagation du champignon. Une gestion raisonnée des rotations, des résidus et de l’implantation joue un rôle essentiel dans la lutte contre la cercosporiose :

  • Rotation des cultures : éviter le retour de la betterave sur la même parcelle avant 3 à 4 ans.
  • Destruction des résidus : défanage ou enfouissement efficace pour limiter l’inoculum.
  • Espacement des rangs : aération du couvert pour réduire l’humidité.

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Lutte génétique

Le choix variétal constitue un levier de protection durable. Les progrès en sélection permettent aujourd’hui d’accéder à des variétés combinant rendement et tolérance partielle ou élevée à la cercosporiose. L’adaptation au contexte sanitaire régional est primordiale.

  • Choisir des variétés tolérantes à la cercosporiose, avec bon compromis entre rendement et résistance.
  • Se référer aux listes recommandées par les instituts techniques (ITB, CGB…).

Lutte chimique

Lorsque la pression devient critique, le recours aux fongicides homologués s’impose. Toutefois, pour préserver l’efficacité des substances actives, ces traitements doivent être intégrés dans une stratégie globale et appliqués en respectant les seuils d’intervention.

  • Utilisation de fongicides homologués à base de triazoles, strobilurines ou SDHI.
  • Alterner les matières actives pour limiter le risque de résistance.

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Combiner les leviers pour plus d’efficacité

La lutte contre la cercosporiose est d’autant plus efficace si elle repose sur une stratégie intégrée combinant prévention, sélection variétale et traitements ciblés. Aucune méthode prise isolément ne permet de maîtriser durablement la maladie. En effet, c’est l’interaction entre les pratiques agronomiques (rotation, gestion des résidus), le choix de variétés tolérantes et le raisonnement des interventions phytosanitaires qui garantit une efficacité maximale tout en limitant les risques de résistance.

Cette approche globale permet aussi d’optimiser les coûts d’intervention, de sécuriser les rendements et de répondre aux exigences de durabilité imposées par les cahiers des charges agricoles et les attentes sociétales.

Solutions émergentes contre la cercosporiose des betteraves

Il est intéressant de souligner que de nouvelles solutions émergent pour lutter contre les maladies de la betterave :

  • Outils d’aide à la décision (OAD). Des plateformes en ligne comme Alerte Maladies ou Sugar Beet Advisor intègrent météo, historique parcellaire et données phytosanitaires pour déclencher les alertes.
  • Biocontrôle. Des solutions à base de micro-organismes antagonistes ou d’extraits végétaux sont en développement. Leur efficacité reste variable, mais elles s’intègrent dans une stratégie de réduction des intrants.
  • Drone. Le drone permet une détection fine des foyers et un traitement localisé, réduisant les volumes de fongicide appliqués et le temps d’intervention.

Cependant, ces technologies présentent encore certains freins à leur adoption : coût d’équipement ou d’abonnement, manque de recul sur l’efficacité en conditions réelles, ou encore nécessité d’un accompagnement technique pour leur mise en œuvre à l’échelle parcellaire.

Face à la cercosporiose des betteraves, la clé reste une détection précoce, une approche multi-leviers et une anticipation des risques. Il est essentiel de raisonner ses interventions à l’échelle de la parcelle mais aussi de partager ses observations au sein de groupes de suivi, coopératives ou CETA. En préparant dès maintenant la prochaine campagne – par l’ajustement du choix variétal, des pratiques culturales et des équipements – les producteurs maximisent leur potentiel de rendement tout en sécurisant leur itinéraire technique face aux maladies du feuillage.

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par SCAR
10 juillet 2025
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